Développement chez les jeunes: réduire le risque de blessures.

Les enfants ne sont pas des adultes en miniature. Avez-vous déjà entendu cette phrase? Il s’agit d’une phrase répandue dans différents domaines indiquant que notre approche devrait être différente avec un enfant en développement de celle que nous aurions avec un adulte.

Qu’en est-il de l’activité physique? Eh bien, ce concept sera encore plus important pour l’exercice ainsi que la performance. Il est important de ne pas oublier qu’un enfant veut souvent reproduire les comportements d’un modèle ou d’un parent. Si vous êtes actifs physiquement, il y a de grandes chances pour que votre enfant veuille reproduire ces comportements. Bien que cela produira une influence positive sur votre enfant, il est nécessaire d’adapter ces activités afin de n’avoir aucun impact négatif sur son développement.

Avant de se pencher sur les recommandations en matière d’activité physique chez les jeunes, conserver en tête que la meilleure activité pour votre enfant sera celle qu’il effectuera avec plaisir.

Si celui-ci associe l’activité physique comme une activité plaisante et positive, il sera ouvert à d’autres expériences et a plus de chances d’être actif tout au long de sa vie. Voyons maintenant ensemble les recommandations canadiennes en matière d’activité physique chez l’enfant.

Recommandations

Selon celle-ci, les enfants devraient effectuer 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse. Vous devriez augmenter le temps de 5-10 minutes toutes les quelques semaines pour atteindre cet objectif. Celle-ci devrait permettre de développer une bonne condition cardiovasculaire, de la force, de la souplesse, une bonne densité osseuse, maintenir un poids corporel sain, réduire le risque de maladies chroniques et de problèmes de santé, améliorer la santé mentale ainsi que le bien-être.

Ces recommandations, bien que pouvant sembler adéquates à première vue, sont cependant incomplètes. Le principe clé de la pratique de l’activité physique chez les jeunes est que ceux-ci ne peuvent être entraînés comme des adultes en réductions. C’est cependant ce que nous indique cette recommandation.

Il s’agit des mêmes recommandations que les adultes au niveau de la condition physique avec un ajustement au niveau du temps passé à des activités physiques chaque jour. Vous ne devriez donc pas vous baser seulement sur ses recommandations pour adapter la pratique d’exercices de votre enfant. 

Son corps ne réagira pas comme le vôtre lors de l’exercice. Vous devrez donc vous adapter à ses besoins et ses capacités. Je vous montrerai plus bas comment y arriver.

Spécialisation

Un deuxième point que j’aimerais aborder avec vous avant de discuter de la préparation sportive adéquate des jeunes est la spécialisation. De quoi s’agit-il? Cela signifie que l’on choisit de se concentrer sur la pratique d’un sport en particulier lorsque notre enfant démontre un talent pour celui-ci afin de pouvoir y passer plus d’heures en arrêtant la pratique d’autres activités.

Par exemple, si votre enfant fait du hockey et du soccer, mais qu’il démontre un talent important dans ce premier sport, une erreur fréquente est de lui faire arrêter cette deuxième activité pour pouvoir entraîner plus en profondeur ses techniques de hockey.

La spécialisation sportive devrait être évitée autant que possible dans les premiers stades de développement (0-12 ans) pour de nombreuses raisons. Cette période du développement devrait encourager les jeunes à effectuer de nombreuses activités sportives et expérimenter le plus de mouvement et d’habiletés techniques que possible.

La spécialisation nuit à l’apprentissage de nombreux mouvements techniques et entraîne l’apprentissage de mauvaises habitudes dans d’autres domaines. Ceux-ci auront donc une fondation de mouvements de base inadéquate qui peuvent nuire à l’apprentissage de technique plus complexe dans leur sport plus tard ou à la pratique d’autres activités sportives. Par exemple, celui-ci pourra être très efficace dans son mouvement de patin, mais n’aura jamais appris à avoir une technique de course adéquate.

Risques

La spécialisation hâtive amène également un plus haut taux de blessures (70-93%) chez les jeunes, car l’exécution fréquente de mouvement répété entraîne plus de tensions sur leurs muscles et articulation. De plus, ils sont encore en croissance et présentent des changements constants de leurs poids, taille et composition corporelle.

Les jeunes qui ont une spécialisation plus tardive démontrent des carrières sportives plus longues, une plus grande motivation, plus de plaisir ainsi qu’une compétence motrice et cognitive plus élevée.

Des adultes en miniature

Un aspect important de l’entraînement chez les jeunes est la croissance. La tête et le cerveau des enfants grandissent plus rapidement tout comme les pieds et les mains qui atteignent la taille adulte avant les jambes et les avant-bras qui eux grandissent avant les cuisses et les bras. Il s’agit de la règle de la croissance tripète.

Les risques de blessures sont également plus élevés chez les jeunes sportifs. Durant la croissance, les os des enfants sont faits majoritairement de matériaux organiques et donc sont moins résistants aux pressions et ne peuvent supporter de charges lourdes. Le cartilage, les tissus ligamentaire et tendineux sont également plus vulnérables.

Des charges qui seraient imposées au corps sans préparation adéquate peuvent alors provoquer des lésions et la destruction des tissus. Certaines blessures peuvent également apparaître plus tard dans la vie de l’enfant.

À éviter

C’est pourquoi des exercices présentant une charge importante au-dessus de la tête durant cette période devraient être évités. Cela peut provoquer des perturbations au niveau de la colonne vertébrale.

Les exercices statiques sont également à éviter, car ils peuvent entraîner une détérioration de l’irrigation sanguine des structures. Les exercices dynamiques sont donc à favoriser. Un aspect important de la pratique d’activité physique est également la récupération. Ce concept sera encore plus important chez nos jeunes.

Ceux-ci possèdent un métabolisme de 20-30% plus élevé que les adultes ainsi que des besoins nutritionnels plus grands. Par exemple, un enfant devrait prendre en moyenne 2,5g/kg de protéines chaque jour, ce qui correspond chez un adulte à une personne pratiquant des disciplines de forces intenses. Cela s’explique par le fait que les enfants sont dans une phase anabolique de leur développement.

Lors de la pratique d’activité physique chez l’enfant, l’entraînement de compétition devrait être fait seulement sur une base volontaire. L’entraînement en force n’est pas efficace avant la puberté en raison du faible taux de testostérone.

Stades de développement :

Chez les jeunes, l’entraînement ne devrait pas être effectué dans le but d’améliorer des capacités au niveau cardiovasculaire ou musculaire, mais devrait plutôt porter sur le développement optimal des habiletés et techniques motrices. Des stimulations insuffisantes peuvent provoquer une maturation déficiente des zones cérébrales reliées au développement moteur.

Les stades de développement reposent sur la base des stades antérieurs. Si votre enfant démontre des difficultés dans un stade, vous devriez vous assurer que les habiletés du stade précédent ont bien été développées avant de poursuivre votre progression dans les différents stades.

Âge nourrisson et petite enfance :

Ce premier stade est important pour le développement général moteur, l’apprentissage de la marche ainsi que l’intégration sociale. Il est nécessaire d’avoir un environnement qui incite à l’activité motrice.

Préscolaire (3-6 ans) :

Cette période permet l’acquisition d’un répertoire moteur par le jeu. Des exercices élémentaires permettront de placer l’enfant en élément d’apprentissage pour développer les habiletés de courir, sauter, ramper, grimper, l’équilibre, se suspendre, tourner sur eux même, se balancer, tirer, pousser, porter, etc. Les activités doivent être de courte durée et être marquées par l’amusement.

Premier âge scolaire (5-6 ans jusqu’à la fin du primaire) :

Il s’agit souvent de la période où les enfants développent un enthousiasme pour le sport. Ceux-ci possèdent une meilleure concentration malgré que la confusion est facile entre les boucles motrices.

C’est pourquoi la répétition des nouveaux éléments est importante pour intégrer le répertoire de l’enfant. Il s’agit d’une bonne période pour l’apprentissage de techniques de bases de la coordination. Il est primordial d’éviter la spécialisation dans ce stade.

Faites vivre des succès à votre enfant, la pratique d’activité physique doit devenir une habitude et doit avoir une connotation positive pour lui.

Second âge scolaire (10e année à puberté) :

Il s’agit du meilleur stade pour apprendre des techniques sportives. La disproportion physique du corps est plus faible et la morphologie ainsi que la fonction du corps s’approchent grandement de celle des adultes. Il y a un accroissement marqué de la force malgré la faible augmentation de la taille et du poids. L’appareil vestibulaire qui joue un rôle majeur dans l’équilibre parvient à maturité vers l’âge de 10-11 ans. Les jeunes peuvent, dans ce stade maitriser des mouvements plus complexes qui nécessite un effort d’orientation spatio-temporelle.

Ce qu’il vous faut retenir de cet article est que la pratique d’activité physique des enfants devrait être adaptée différemment de celle des adultes. Il est important de respecter le stade de développement de l’enfant et de progresser selon ses capacités et la tolérance de son corps. Diversifiez leurs activités pour favoriser un développement moteur complet et assurez-vous qu’ils ont du plaisir lors des activités d’entraînement.

Sandrine Lavoie-Filion, Sandrine Santé Active